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Vous vous approchez du sarcophage. Il
n'y a heureusement pas de couvercle, mais ses parois sont si hautes, et
ses bords si lisses que vous vous y glissez avec beaucoup de peine.
Néanmoins, comme il est très profond, il faudrait vraiment que
quelqu'un sache que vous vous y trouvez pour vous apercevoir.
Pas très rassuré, vous vous allongez, croisant les bras sur la
poitrine. Et vous attendez, contemplant le plafond de la salle,
au-dessus de vous. Une étrange torpeur vous gagne bientôt, et vos yeux
commencent à cligner doucement, tandis que vous vous assoupissez malgré
le brouhaha causé par les visiteurs. Mais vous reprenez brutalement
conscience en entendant une voix s'exclamer :
- Papa ! papa ! Il y a une momie là-dedans !
Ouvrant les yeux, vous voyez la tête d'un jeune garçon penché
au-dessus de vous, qui vous regarde, les yeux écarquillés. D'un bond,
vous vous asseyez.
- Elle est vivante ! hurle le garçon. Elle va m'attraper !
- C'est ça, répond en écho la voix d'un adulte, et te transformer en crapaud. Arrête de raconter des bêtises et dépêche-toi ; on est suffisamment en retard comme ça.
La tête disparaît. Peu à peu, les bruits s'affaiblissent autour de
vous, jusqu'à ce qu'une sonnerie stridente vous fasse sursauter. Le
signal annonçant la fermeture du musée. Quelques minutes plus tard,
l'endroit est aussi silencieux qu'une tombe.
Vous vous installez le plus confortablement possible, tout du moins
aussi confortablement qu'il soit possible de s'installer dans un lit de
granit, et il se passe peu de temps avant que vos yeux ne se ferment de
nouveau, et que vous tombiez dans un profond sommeil. Non sans avoir
pensé à la tête que fera Anne-Marie demain matin !