Résumé
«
-Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio,
Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es
!
Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que
moi, à ce moment-là.
Mais, alors que j'essayais de lui
expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait
irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je
faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son
visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à
trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable,
devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :
-
Alors, tu as honte de ta vieille mère ? »
À l'aube de la
vie, le narrateur se fait une promesse : ces années qui
l'attendent, il les déposera aux pieds de sa mère pour réparer
toutes les souffrances qu'elle a endurées. Il tâchera de combler
tous ses désirs et de compenser par la gloire les humiliations
que cette Russe immigrée, seule et sans un sou, a dû subir pour
pouvoir déposer avec fierté, tous les jours, le bifteck du
déjeuner dans l'assiette de son fils unique et adoré, ne se
réservant que le gras de la cuisson. Avec admiration, humour et
lucidité, ce fils fait le récit de leur parcours de la Pologne à
la France. Ce roman autobiographique, qui s'appuie sur un langage
poétique d'une grande pudeur, est un élan prolongé d'amour, et
peut-être de rancoeur d'avoir été trop aimé. De la carrière
militaire et diplomatique de Gary à sa réussite littéraire en
passant par ses rapports humains, tout est vu à la lumière de
l'amour de cette mère au caractère entier, émouvant, mais
également envahissante et insupportable. Au seuil de sa vie, le
narrateur aura donc respecté son serment ; mais la vie, elle,
n'aura pas tenu parole, ne comblant jamais le vide que l'absence
de cette mère formidable aura laissé dans la poitrine du héros.
--Sana Tang-Léopold
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