Résumé
Czentowic,
champion d'échecs arrogant, esprit borné à outrance, inculte et
étonnamment stupide, occupe le premier plan jusqu'à l'entrée en
scène de Monsieur B. Dès lors que cet aristocrate autrichien
s'intéresse à la partie livrée entre le champion et les
passagers amateurs, la direction du texte bascule.
Par un
effet de symétrie, la narration se transforme en un face à face
tendu entre un esprit brillant et rapide à l'intelligence
abstraite et un cerveau au pragmatisme brutal, incapable de
projection véritable. Mise en scène percutante de la
résurrection de la folie, cette nouvelle oscille entre ouverture
et enfermement.
Dans cette avancée implacable de la
stupidité destructrice, allégorie de la victoire du nazisme mais
aussi chef-d’œuvre de composition, Zweig s'intéresse peu à la
survie du corps, préférant montrer les réactions de l'esprit,
qui trouve un symbole parfait dans ce jeu éminemment intelligent
mais désespérément stérile.
Publié en 1943, un an
après le suicide de son auteur, Le Joueur d'échecs fait figure
de testament dans l’œuvre de Zweig.
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