Résumé
Procuste,
brigand célèbre de l'Antiquité, attachait ses victimes sur un
lit. Puis, à l'aide d'un couperet et d'un treuil, il les
raccourcissait ou les étirait, selon leur taille, pour les amener
toutes, sans distinction d'âge, de sexe ou de fortune, aux
dimensions exactes du fameux lit.
Thésée - une autre gloire
de la mythologie - qui avait déjà liquidé le Minotaure, passe
pour avoir débarrassé le monde de Procuste.
Mais Procuste
est-il mort ? Volkoff ne le pense pas. pour lui, Procuste a
survécu, il prospère, il est même aujourd'hui le maître du
monde.
De Valparaiso à Vladivostok et de Dunkerque à
Tamanrasset, nous sommes tous ses très humbles et très
obéissants serviteurs.
Il n'a même pas besoin de nous
contraindre à monter sur son lit. Nous nous y rendons de
nous-mêmes, en rangs serrés et en célébrant le divin
Procuste.
Car nous sommes tous atteints d'un mal étrange :
le complexe de Procuste.
La différence est à la mode. Mais
ce plaidoyer pour la différence est lui-même assez différent de
tous les autres pour ne laisser personne indifférent.
Tout
d'abord il n'est pas abstrait. Il l'est même d'autant moins que,
selon l'auteur, la première vertu de la différence est de nous
ramener au réel, de redonner au monde ses couleurs, de nous
rendre le goût, le sens et le respect du concret.
Il n'est
pas non plus simpliste. L'éloge de la différence ne se confond
pas ici avec la réhabilitation du biniou, ni le refus de
l'uniformité avec un anti-égalitarisme primaire.
Enfin il
n’est pas triste, et c’est peut-être son plus grand mérite.
Presque tous les livres écrits sur ce thème l’ont été sur le
mode de la déploration, du regret et du gémissement. Comme si
les victimes de Procuste, résignées, poussaient un dernier
soupir avant de disparaître.
Volkoff n'est pas sûr que nous
puissions triompher de Procuste. Au moins a-t-il décidé de se
battre. Et il nous invite à le faire avec lui, avec une
allégresse et un brio qui entraînent la conviction.
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