Résumé
Un
jour, grand-père m'a dit que j'étais un enfant de salaud.
Oui,
je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en
désordre papa, de tes bottes allemandes, de ton orgueil, de cette
folie qui t a accompagné partout. Ce n'est pas ça, un salaud. Ni
à cause des rôles que tu as endossés : SS de pacotille,
patriote d'occasion, résistant de composition, qui a sauvé des
Français pour recueillir leurs applaudissements. La saloperie n'a
aucun rapport avec la lâcheté ou la bravoure.
Non. Le
salaud, c'est l'homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans
la boue. Sans trace, sans repère, sans lumière, sans la moindre
vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte
derrière lui. Qui s'est fourvoyé dans tous les pièges en se
croyant plus fort que tous : les nazis qui l'ont interrogé, les
partisans qui l'ont soupçonné, les Américains, les policiers
français, les juges professionnels, les jurés populaires. Qui
les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque
piste, Qui a passé sa guerre puis sa paix, puis sa vie entière à
tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes.
Le salaud, c'est le père qui m'a trahi.
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