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POST-SCRIPTUM
(Ce livre comprend des citations, parfois légèrement modifiées de :
René Belletto, Hans Bellmer, Jorge Luis , Borges, Michel Butor, Italo
Calvino, Agatha Christie, Gustave Flaubert, Sigmund Freud, Alfred
Jarry, James, Joyce, Franz Kafka, Michel Leiris, Malcolm Lowry, Thomas
Mann, Gabriel Garcia Marquez, Harry Mathews, Herman, Melville, Vladimir
Nabokov, Georges Perec, Roger Price, Marcel Proust, Raymond Queneau,
François Rabelais, Jacques Roubaud, Raymond Roussel, Stendhal,
Laurence, Sterne, Théodore Sturgeon, Jules Verne, Unica Zürn)
L’AUTEUR
Georges Perec est né le 7 mars 1936 de parents juifs venus de Pologne.
Très tôt orphelin — son père meurt à la guerre le 16 juin 1940, sa mère
est déportée le 11 février 1943 — il est élevé par sa tante et son
oncle.
Après des études supérieures écourtées, il collabore épisodiquement à diverses revues : La nouvelle NRF, Les Lettres Nouvelles, Partisans. En 1965, il publie son premier roman, "Les Choses", qui lui vaut le prix Renaudot. Suivent deux récits à tonalité très différente, "Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? "et "Un homme qui dort".
Il entre à l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) en 1967. Il en
devient vite un des écrivains les plus féconds. Tantôt, sur le mode
ludique, il combine rigueur formelle et plaisir romanesque avec "La Disparition", dont l’écriture est soumise à un régime sans "E", et "Les Revenentes", où la même voyelle s’assure au contraire l’exclusivité. Tantôt il imagine un nouvel art poétique avec "La Clôture", "Ulcérations" et "Alphabets" où,
sous le jeu d’une combinatoire exigeante, se laissent néanmoins deviner
les échos ténus d’une histoire personnelle plus immédiatement lisible
dans d’autres oeuvres.
"W ou le Souvenir d’enfance" constitue le texte majeur d’une autobiographie éclatée qui s’offre par bribes et fragments dans les 124 rêves de "La Boutique obscure" et les réminiscences nostalgiques de "Je me souviens".
Parallèlement, Georges Perec poursuit une observation minutieuse et amusée de notre quotidien : ce sera "Espèces d’espaces" et maints articles, dont quelques pastiches imperturbables, qui formeront la matière de recueils posthumes, "L’Infra-ordinaire", "Penser/Classer", "CantatrixSopranica L".
Mais il explore aussi d’autres modes d’expression : théâtre, radio,
cinéma surtout. Il adapte à l’écran avec Bernard Queysanne "Un homme qui dort" (prix Jean Vigo 1973) ; il écrit dialogues et scénarios (notamment pour "Série noire" d’Alain Corneau) et réalise lui-même "Les Lieux d’une fugue"
en 1976. Pour le film de Robert Bober sur Ellis Island il rédige un
texte fondamental où il pose à la fois la question de la mémoire, des
traces et interroge son propre rapport à la judéité ("Récits d’Ellis Island").
Il collabore avec des peintres, des musiciens, traduit les romans de
son complice oulipien Harry Mathews, rajeunit l’anagramme en le
transformant en épithalame ou hommage amical et, très régulièrement,
fournit à des cruciverbistes fébriles leur lot d’énigmes hebdomadaires.
En 1978, il obtient le prix Médicis pour son « romans », "La Vie mode d’emploi", fruit de quelque dix années d’écriture. Il publiera encore deux brefs récits, "Un cabinet d’amateur" et "Le Voyage d’hiver", avant de mettre en chantier une fiction policière, "53 jours". Il meurt d’un cancer le 3 mars 1982, alors qu’il venait d’en achever le onzième chapitre.
Nota Bene
(1) Chapitre 81 - Rorschash, 4 (avant-dernier §)
Polonius est le 43” descendant d’un couple de hamsters apprivoisés que
Rémi Rorschash offrit à Olivia peu de temps après avoir fait sa
connaissance : ils avaient vu dans un music-hall de Stuttgart un
montreur d’animaux et avaient été à ce point passionnés par les
prouesses sportives du hamster Ludovic — aussi à l’aise aux anneaux
qu’à la barre fixe, au trapèze ou aux barres parallèles — qu’ils
avaient demandé à l’acheter. Le montreur, Lefèvre, avait refusé mais
leur avait vendu un couple — Gertrude et Sigismond — auquel il avait
appris à jouer aux dominos. La tradition s’était perpétuée de
génération en génération, les parents apprenant chaque fois
spontanément à jouer à leurs rejetons. Malheureusement, l’hiver
précédent, une épidémie avait presque entièrement détruit la petite
colonie : l’unique survivant, Polonius, ne pouvait jouer seul et, qui
plus est, était condamné à dépérir s’il ne pouvait continuer à
pratiquer son passe-temps favori. Aussi fallait-il, une fois par
semaine, le mener à Meudon chez le montreur qui, aujourd’hui retiré,
continuait pour son seul plaisir à élever des petits animaux savants.
(2) Chapitre 97 dernier- Hutting, 4 (dernier §)
Il n’est pas inutile de rappeler à ce propos que l’arrièregrand-père
maternel de Franz Hutting, Johannes Martenssen, professeur de
littérature française à l’université de Copenhague, fut le traducteur
danois de Racine et Shakespeare de Stendhal (Copenhague, Éd. Gjoerup,
1860).